Voici mon intervention sur le budget 2014 sur le secteur développement économique, innovation et tourisme
Monsieur le président, Monsieur le Vice-Président, chers
collègues,
Tout comme on peut noter certaines
avancées sur le plan écologique au niveau national, avec la baisse
de la TVA sur la rénovation thermique, mon groupe se félicite que
l'exécutif régional s'engage pour la transition écologique, dans
tous les secteurs, et s’en donne les moyens.
La performance
énergétique des bâtiments, le recyclage et la valorisation des
déchets, la prise en charge du vieillissement de la population, le mieux produire pour mieux se nourrir ou
encore les nouvelles mobilités sont autant de champs de notre
économie à dynamiser.
Non seulement nous
améliorerons le bien-être des franciliens en soutenant
l'innovation, la créativité dans ces domaines, mais nous
contribuerons à créer de la valeur ajoutée et donc de l’emploi
pour nos territoires et notre économie.
L'engagement du
Vice-Président pour la transition écologique à hauteur de près de
100 millions d'euros pour 2014 ne peut que nous réjouir me
direz-vous!
A y regarder de plus
près, nous avons quelques différences d'appréciations sur ce
qu'est un budget tourné vers la transition écologique de notre
économie.
Est ce suffisant de
promouvoir l'usage du numérique ou la « silver economy », l'économie liée au vieillissement de la population, pour parler de budget de
transition ?
Est
ce que la création ou le développement des entreprises quelles
qu'elles soient, va forcément dans le sens de la transition
écologique ?
Prenons l’exemple du
numérique.
Certes, le numérique
peut contribuer à réduire les déplacements non souhaités, à
rapprocher domicile et lieu de travail, à réduire les émissions de
gaz à effets de serre. Sur ce point, autant le numérique est
indispensable pour bon nombre d'activités, autant il ne faut pas
reproduire les mêmes schémas que pour l'électricité, l'usage
d'Internet a un coût environnemental : le numérique cause
aujourd’hui autant d’émissions de gaz à effet de serre que le
transport aérien. Autre exemple : une simple requête via un
moteur de recherche équivaut à faire chauffer l’eau d'une
bouilloire électrique.
Évitons donc la
surconsommation, surfons intelligents grâce aux Green IT (1)
- en utilisant cette chaleur dégagée pour chauffer nos logements,
- en utilisant ces technologies pour optimiser l'efficacité énergétique,
et travaillons à donner
accès aux populations les plus précaires et aux territoires les
plus reculés.
De même, la "silver
economy" n’est pas 100% écologique. Lorsqu’elle permet de remplacer
l’humain par des machines auprès des personnes âgées, la silver
economy n’est pas une solution.
Soutenir les entreprises
qui engendrent des pollutions ou qui rendent leurs clients toujours
plus accrocs à la consommation parce qu'elles font le choix d'un
modèle économique basé sur l'obsolescence rapide de leurs produits
n'est pas acceptable même lorsqu'elles sont créatrices d'emplois.
Un budget de transition
écologique, c'est savoir réduire notre soutien à une politique qui
n'en a plus besoin pour le redéployer vers des actions nouvelles qui
répondent aux enjeux futurs.
C'est soutenir fortement
le développement économique local, les espaces de création tels
que les fab-labs plutôt que de continuer à augmenter le nombre de
m2 de bureaux vides ou à soutenir la gouvernance des pôles de
compétitivité.
A travers nos
amendements, nous entendons renforcer la contribution de nos
politiques à la transition écologique de l’économie.
Celle-ci nécessite
d’avoir une vision simple et claire du budget alloué à nos
différentes priorités politiques telle que l'Economie Sociale et Solidaire ou encore le
soutien à la transition écologique de la production.
Un budget de transition,
c'est aider à engager des mutations plutôt que de continuer à
tenter de sauver des modèles obsolètes voués à disparaître à
moyen terme. C'est permettre l'émergence de nouveaux modèles
économiques comme l'économie circulaire ou de fonctionnalité basés
non plus sur la consommation sans compter des ressources naturelles
mais sur la sobriété et la qualité.
Notre budget de
transition doit miser sur l’économie locale, sur les circuits
courts qui donnent du sens à nos échanges et qui créent des
emplois.
Ce budget doit miser sur
un aménagement du territoire équilibré. Un effort particulier doit
donc être réalisé pour installer des entreprises dans les friches
industrielles.
La transition écologique,
c’est soutenir le tourisme s'il est porteur de bien-être, s'il
valorise nos territoires en les protégeant, ce n'est pas celui qui
détruit la biodiversité, qui crée des emplois précaires et qui
provoque des frustrations en faisant croire que le bonheur c'est de
plonger dans une eau à 30 degré en plein hiver. (pour plus d'information voir (2) en fin d'article
Enfin, c'est soutenir les
artisans pour qu'ils adaptent leur façon de produire en leur
permettant d'investir pour réduire leur empreinte écologique
notamment.
En conclusion, ce budget
engagé sur les Autorisation de Programme apparaît en continuité avec le précédent en ce
qui concerne les Crédit de Paiement. Nous prenons appui sur la volonté claire de
l'exécutif de s'engager en faveur des mutations écologiques de
notre économie et nous serons donc attentifs tout au long de l'année
pour rappeler nos priorités.
Dès lors, en espérant
que les amendements apportés par le groupe EELV soient acceptés,
nous approuverons ce budget.
Amendements portés par notre groupe et adoptés :
- Création d'une ligne budgétaire spécifique dédiée aux espaces de travail collaboratifs (télétravail, co-working, fab-labs)
- Création d'une nouvelle politique visant à aider les investissements des entreprises qui s'installent dans des friches industrielles (ou autres territoires qui souffrent du départ des entreprises).
- Soutien renforcé aux investissements écologiques des artisans
- Soutien renforcé aux programmes de développement économique locaux
- Dotation d'1 Million d'€ pour l'Economie Sociale et Solidaire, en faveur des projets socialement innovants, des couveuses d'activité et d'emploi et des Pôles Territoriaux de Coopération Economique. Division du programme en six actions pour donner plus de visibilité budgétaire aux politiques ESS.
- Création d'une ligne pour soutenir les dépenses de fonctionnement des PME (études, prestations de conseil…) qui souhaitent diminuer leur empreinte écologique : passage à l'économie circulaire, économie de la fonctionnalité, utilisation d'éco-matériaux
(1) Green information technology », en abrégé « green IT » signifie en français « informatique verte »