Au conseil régional des 26 et 27 septembre, nous avons voté sur le secteur développement économique le dispositif REBONDS pour aider les entreprises en mutation qui font face à des difficultés. Voici mon intervention pour le groupe EELV ce matin :
Monsieur le
président, monsieur le Vice Président, chers collègues,
Rebonds :
avec ces 7 lettres, le Conseil régional nous propose une politique
nouvelle et ambitieuse à destination des entreprises franciliennes.
Les
écologistes, en tout cas, se félicitent de ce pas réalisé en
direction des entreprises fragiles. Elles sont d’ailleurs
nombreuses : en 2012, près de 12 000 entreprises étaient dans
une situation de redressement judiciaire ou de liquidation
judiciaire. Pour nous, la Région ne doit pas se focaliser sur les
« champions » : elle doit pouvoir soutenir les
entreprises qui connaissent des difficultés.
Faut-il,
d’ailleurs, caractériser ces entreprises par leurs difficultés,
au risque de les stigmatiser ? Non, bien souvent, les
difficultés sont conjoncturelles et réparables : il faut donc
des outils pour rebondir. Parlons donc plutôt d’ « entreprises
en mutation ».
Dans
ces propos liminaires, nous devons admettre que cette politique
serait sans doute inutile si la finance jouait son rôle dans
l’économie réelle. Les manques de trésorerie, le
sous-financement des plans de restructuration, l’absence de
repreneurs… sont des symptômes de la timidité des banques et du
primat de la finance : la recherche permanente d’un retour sur
investissement à deux chiffres, à court terme, empêche de
consolider les projets de nombreuses entreprises.
Je
diviserai cette intervention en 4 mots, pour reprendre les 4 volets
de ce dispositif.
- Prévenir
Pour
les écologistes, la question de l’anticipation des mutations
économiques est essentielle. Les suppressions d’emplois sont le
fruit d’une absence d’adaptation aux changements économiques,
notamment en matière environnementale. Les problèmes de l’industrie
automobile française, par exemple, sont en partie liés à l’absence
de prospective sur les véhicules de demain et à leur enfermement
dans le modèle du diesel.
Nous
regrettons que le volet « prévention » de ce rapport ne
soit donc pas plus explicite sur les questions sociales et
environnementales. Cependant, si le Conseil régional peut aider les
entreprises à trouver de la trésorerie, et ce de manière réactive,
il aura joué son rôle, et nous pourrons nous en féliciter.
- Accompagner
Accompagner
les entreprises en mutation, voilà un enjeu qui dépasse largement
le cadre de ce rapport. Accompagner, c’est fournir une information
lisible aux entreprises, d’où l’urgence de simplifier nos aides
et d’avancer vers un guichet unique.
Accompagner,
c’est aussi proposer une expertise, comme le fait « Paris
Région Entreprise ». Cette plateforme préfigure l’union
entre l’ARD (Agence Régionale de Développement) et le CFI (Centre Francilien de l'Innovation) au sein d’une même structure. A ce sujet,
Monsieur le vice-président, pouvez-vous préciser le calendrier de
la création d’une agence unique ? Celle-ci sera en effet un
levier important pour mieux accompagner les entreprises
franciliennes.
Sur ce
volet d’accompagnement, qui consiste à aider à utiliser des
procédures amiables entre l’entreprise et ses créanciers, nous
avons tout d'abord éprouvé un certain scepticisme. Notre crainte,
notamment, était de ne financer que des intermédiaires, et non
l’entreprise. Mais vous avez su nous convaincre, Monsieur le
vice-président, que cette solution peut permettre, dans de nombreux
cas, de sauver des emplois.
- Sauvegarder
La
sauvegarde des entreprises en mutation est un enjeu aussi bien
économique qu’écologique. Dans un parcours d’entreprise, la
restructuration est hélas parfois nécessaire. Ainsi, la
« conversion écologique de l’économie », que nous
souhaitons tous et toutes, conduira les secteurs les plus polluants à
se rétracter, au profit d’autres qui se développeront.
Mais il ne faut pas laisser les entreprises et leurs emplois mourir.
Non, la « destruction créatrice » est une chimère.
Sauvegarder une entreprise, c’est l’aider à se reconvertir. Ce
faisant, on évite de laisser un site en friche. On évite de plonger
les salariés dans le chômage, avec le gâchis humain que cela
représente.
Aidons
donc les entreprises à surmonter leurs difficultés. Etant
pragmatiques, nous ne demandons pas aux entreprises, dans ces
périodes difficiles, de devenir tout à coup exemplaires sur le plan
social ou environnemental. Mais soyons malgré tout attentifs à deux
choses :
- que le plan de restructuration soit cohérent avec le monde tel qu’il sera demain, avec des énergies fossiles chères et rares.
- que le plan ait pris en compte les propositions des salariés ou de leurs représentants.
A ce
titre, évitons les effets d’aubaine. Assurons-nous que le plan
sera partagé, qu’il ne répondra pas à une logique purement
financière et qu’il aura évité au maximum les suppressions
d’emplois.
- Reprendre
Enfin,
la reprise d’entreprise est un enjeu considérable. Chaque année
en France, 50 000 PME meurent faute de repreneurs. Dans ce cadre,
l’aide régionale, proportionnelle aux emplois repris, apparaît
nécessaire.
Nous,
écologistes, nous permettrons d’insister davantage sur les vertus
de la reprise par les salariés, en SCOP. Nous pensons que la Région
doit leur donner un coup de pouce particulier.
En
définitive, si la Région a raison de décider de soutenir les
entreprises en mutation, n’oublions pas qu’il s’agit d’un
défi de taille. En effet, cela suppose de combiner deux
impératifs qui peuvent apparaître contradictoires :
- un impératif de réactivité : ces cas d’entreprises doivent être traités en urgence et avec doigté.
- Un impératif de vision à long terme : aider les entreprises à rebondir, c’est les remettre sur des rails solides, c’est les engager, bien souvent, dans la transition écologique et sociale de leur modèle.
Je
souhaitais aussi souligner le rôle important de la Banque Publique d'Investissement sur le sujet
mais nous aurons l'occasion d'en débattre tout à l'heure. Il nous
paraît indispensable d'établir rapidement ensemble nos objectifs
communs pour plus de simplicité, plus d'efficacité et pour engager
dès maintenant la transition écologique des entreprises.
Nous
nous félicitons donc que la Région s’engage dans cette voie. Mais
cette voie étant difficile, nous appelons l’exécutif à revenir
fréquemment vers nous pour adapter le dispositif en fonction de ses
résultats.
Je vous remercie,